Historique

Historique, Des origines à nos jours

Origine du nom

D'après J. Lemoine, Armissan viendrait d'Artemisia, nom gallo-romain ajouté du suffixe « anum ». Le nom d'Artimicianum, apparu en 977, viendrait, selon la tradition locale, de l'existence en ce lieu d'un temple, aujourd'hui disparu, consacré à la déesse éphésienne.

 

Au siècle dernier, on aurait découvert des têtes de bélier en marbre et en bronze (emblèmes de la déesse Artémis, déesse grecque de la chasse équivalant à Diane au panthéon romain).

 

Le blason

"D'hermines, à une fasce fuselée d'or et d'azur."
 

Evolution du nom

Nom Année
Arsimicianum 966
Artimicianum 977
Villa Articimianm 990
Armisanum 1235
Castrum de Armissano 1271
Armyssan 1402
Ermissan 1389
Armyssa 1537
Armisan 1595
Armissan 1781

Armissan, terre habitée depuis toujours

La Clape, île proche du continent, était un lieu de résidence pour l'homme de la Préhistoire, qui se trouvait à l'abri d'invasions imprévues, grâce au bras de mer protecteur. Dans la grotte de la Crouzade, près de Gruissan, on a trouvé des foyers formés de pierres plates, avec le charbon, les cendres et, tout près, les déchets de repas, les restes des animaux chassés à l'époque : ours des cavernes, bisons, rennes, mammouths ... L'outillage est formé d'instruments en pierre taillée (paléolithique) légers et tranchants (pointes, coups de poing, racloirs ... ). Ces tailleurs de pierre sont des Néandertaliens. Leur présence est attestée dans notre région de 100 000 avant J.C. à 35 000 avant J.C. Ils vivent de pêche et de chasse et habitent dans les grottes à l'abri du froid, car le climat est rigoureux. Cette époque lointaine est marquée par trois périodes glaciaires alternant avec des périodes de réchauffement :

 

  • Au « Magdalenien » (il y a 12 000 ans), l'homme de la Clape est bien équipé pour la chasse au grand gibier grâce à un outillage de pierre et d'os très efficace, que l'on peut admirer au Musée archéologique de Narbonne. Cet homme appartient à un type plus évolué, proche du nôtre, c'est l'homme de Cro-Magnon.
     
  • La période suivante appelée « Ie Mesolithique » de 10 000 avant J.C. à 6 000 avant J.C. est marquée par un réchauffement du climat entraînant un recul de la steppe et un développement de la forêt. En même temps, les troupeaux de rennes, de mammouths, de bisons se rapprochent du Pôle Nord pour continuer de vivre avec leur climat.
     
  • On pense que les chasseurs ont suivi leur gibier. Ce sont des hommes nouveaux venus peut-être du Sud ou des plateaux d'Asie Centrale qui peuplent la région. De nouvelles espèces d'animaux apparaissent: cervidés, bovidés, sangliers ...
     

Si la présence humaine est attestée dès le Néolithique dans le terroir d'Armissan grottes de Bringairet, du Trou du Noyer, « agglomération chasséenne » de Langel, le village lui-même s'est constitué dès la Haute Antiquité. Il est situé dans une crique de l'île de Lec (Insula Litia ou Lici, actuellement dénommée Massif de la Clape, de l'Occitan clapas, lieu couvert de pierres) où les installations gallo-romaines se densifient dès le Haut Empire. Il n'y a pratiquement pas de domaine actuel qui n'ait dans les environs immédiats le témoignage de la présence d'une habitation antique : Langel, Cazeneuve, Combe Longue, Bringairet, Grange Neuve. Cela tient en grande partie à la présence d'une source pérenne à proximité et de terres cultivables. Tel est le cas d'Armissan, dont le nom lui-même pourrait avoir une origine antique, où une villa a été bâtie à la source de l'actuel château. Mentionnons également deux autres « village » gallo-romaines qui furent construites plus en aval le long du ruisseau de la Mairal, Cazeneuve et Saint-Pierre-Del-Lec.

Armissan possession des vicomtes de Narbonne et de l'Abbé de Lagrasse

Au Xe siècle l'alleu de « Armsimiciano » était compris dans les possessions de la vicomté de Narbonne. En l'an 966, Matfred, vicomte de Narbonne et son épouse Adélaïde, donnèrent tous leurs biens dont ils se réservaient la jouissance pendant leur vie, à diverses églises et monastères, à leur fille Trudgarde et à leurs deux fils,Ermengaud et Raymond. Ce dernier, fils puîne, héritait de tous les biens qu'ils avaient en Aquitaine et Septimanie dont l'alleu de « Armsimiciano ». A la mort de Matfred,Adélaïde sa femme, à la tête de la vicomté par deux testaments successifs légua à Garsinde, sa soeur, les deux tiers des terres d'Artimiciano et à l'abbaye de Lagrasse le dernier tiers. La vicomté de Narbonne, au XI et XIIe siècle resta entre les mains de la même famille ou s'illustra Ermenguarde, « la Grande Vicomtesse » qui, n'ayant pas eu d'enfants, appelle à ses côtés son neveu Pierre Manrique de Lara en faveur de qui elle abdiqua en 1193.

 

Les vicomtes de Narbonne Lara, les seigneurs locaux, les consuls de Narbonne

A la Mort d'Amalric 1er, vicomte de Narbonne (1239-1270), ses deux fils, Aymeri et Amauri se disputèrent sa succession et, suivant un accord daté de 1271 entre les deux frères, le lieu de Saint-Pierre-Du-Lec et le château d'Armissan furent placés sous l'autorité d'Amauri de Pérignan (actuellement Fleury d'Aude). Il faut savoir que l'apanage de ce dernier constituait dans la vicomté de Narbonne un petit état absolument indépendant et qu'Amauri y rendait la justice tant au civil qu'au criminel. Amauri ne tarda pas à inféoder ses divers châteaux à des petits seigneurs et c'est ainsi qu'en 1327, Dalmace de Castelnau était châtelain d'Armissan en même temps que seigneur de Bizanet-Le-Bas, qui appartenait à sa femme Saurine. Leur fils Bérenger De Castelnau est qualifié en 1367 de seigneur d'Escales et co-seigneur de Bizanet ; il devait être aussi châtelain d'Armissan. Il semblerait qu'au XIVe siècle, une partie au moins du territoire d'Armissan appartenait à la ville de Narbonne (les combes de Val Falmière et de Gissane). Les Armissanais devaient payer un droit pour le pacage de leurs bêtes.Le territoire d'Armissan ne dépendait donc pas d'un seigneur local, mais également de la ville de Narbonne, ce qui donnera lieu à de nombreux différends entre eux et les habitants du lieu, représentés par leur « scyndics ».

Les archives communales de Narbonne, dont Mouynès a réalisé l'inventaire en 1980, gardent les traces des nombreux procès qu'ils ont occasionnés. Il faut savoir que lorsque le seigneur d'une communauté a le titre de seigneur « foncier » et la « directe » sur tout le terroir, il est propriétaire des vacants dont il peut interdire l'usage aux habitants. Il peut aussi leur concéder, moyennant finance ou autre, le droit d'y faire paître leurs bêtes, d'y couper du bois, d'y extraire de la pierre etc. Nul n'a le droit de se les approprier en tout ou partie sans son autorisation (accordance). S'il trouve dans ses terres des bêtes appartenant à un propriétaire auquel il n'a pas concédé le droit de pâturage, il peut exercer sur eux le droit de pignore, c'est à dire les tenir enfermés chez lui jusqu'à réparation du dommage. Ainsi, à la fin du XIIIe siècle, un différend opposant le châtelain de Marmorières, Pons de Malves et les consuls de Cité de Narbonne au sujet de la possession et de la jouissance du territoire de Marmorières, avait été tranché par une sentence arbitrale rendu en la cour de Pérignan.

 

Jean de Beaumont et Nicolas d'Alcoynes

Au XVIe siècle, Armissan passe entre les mains de Jean II de Beaumont et d'Hélène de Châteauneuf qui probablement avait apporté en dot les seigneuries du Narbonnais. Le 10 Janvier 1541, Jean II de Beaumont vend à noble « ecuyer » Nicolas d'Alcoynes, seigneur de Durfort et capitaine de Termes, habitant de Narbonne, la seigneurie, mandement et juridiction d'Armissan entièrement et, par moitié la juridiction de Saint-Pierre-Du-Lec, indivise avec l'abbé de Lagrasse, haute, moyenne et basse justice au prix de 3236 livres et 5 sols tournois.

 

Les Bellissent

Cette seigneurie d'Armissan étant mouvante du roi, le seigneur était tenu de le servir au ban et à l'arrière ban et le dénombrement fût fait en la sénéchausée de Carcassonne. La seigneurie d'Armissan passa ensuite dans la famille de Bellissent, alliée certainement par les femmes à celle d'Alcoynes. En 1579, Philippe de Bellisent est seigneur d'Armissan et son frère Pierre lui succède à sa mort en 1587 grâce au testament instituant Pierre, Seigneur de Durfort, héritier de la seigneurie d'Armissan et léguant une dot à Claire, sa fille unique. En fin de compte, le 14 Juillet 1597, Pierre de Bellissent vend la terre et seigneurie d'Armissan à René de Chefdebien.

Les Chefdebien co-seigneurs d'Armissan et de Saint-Pierre-Del-Lec

René de Chefdebien, originaire du Poitou où il était seigneur de Chavenay, avait pris pied en Languedoc où il avait acquis la seigneurie de Puisserguier pour devenir seigneur d'Armissan et co-seigneur de Bizanet. Durant tout le XVIIe siècle, la famille de Chefdebien possèdera en co-seigneurie avec la ville de Narbonne les territoires d'Armissan et de Saint-Pierre-Del-Lec. Elle n'aura de cesse tout au long de ce siècle d'essayer d'empiéter sur les droits de la ville de Narbonne dans sa possession de l'étang salin dit de « Vinassan ».Ainsi verra-t-on en 1608 René de Chefdebien, en procès avec les consuls de Narbonne ; contre eux il prétendait pouvoir prendre de l'eau de la rivière dite Azagadou pour conserver le poisson dans l'étang salin qui s'étendait alors, dans la plaine, entre Armissan et Narbonne ; en 1609 il a été pignoré de 24 bêtes à cornes et 600 bêtes à laine pour pacage sans accordance. En 1696, c'est au sujet des limites du terroir d'Armissan dans l'étang salin qu'un nouveau conflit les opposera. Il semble que les Chefdebien, René (mort en 1615), Henri (mort en 1621), Jean François (mort en 1644) consul de Narbonne, Henri-René (mort en 1665), Gilibert (mort en 1699) également consul de Narbonne, Jean-François (mort en 1748), François-Anne (fondateur de la Loge Maçonnique des Philadelphes, mort en 1792), aient conservé, entre autres, tout ou partie de la seigneurie d'Armissan avec le titre de vicomte jusqu'à la Révolution. Au XVIIe siècle ils joueront un rôle important dans la vie politique et économique du Narbonnais, notamment Jean-François, élu consul au premier rang de la ville de Narbonne. On y voit encore leur château dans le village, et une belle pierre tombale dans l'église rappelle le souvenir de René de Chefdebien...

Evolution de la population

"f" signifie feux pour familles, comptage en nombre de familles jusqu'à la Révolution.

 

1693 :  84f 1831 : 439 1881 : 905    
1709 : 89f 1836 : 493 1886 : 921 1926 : 846 2008 : 1600
1761 : 107f 1841 : 511 1891 : 917 1936 : 738 2016 : 1579
1781 : 71f 1846 : 520 1886 : 921 1946 : 576  
1789 : 108f 1851 : 526 1891 : 917 1936 : 738  
1790 : 802 1856 : 545 1896 : 973 1962 : 636  
1806 : 418 1861 : 582 1901 : 905 1968 : 713  
1812 : 442 1866 : 685 1906 : 859 1975 : 738  
1820 : 443 1872 : 633 1911 : 796 1990 : 1252  
1826 : 425 1876 : 725 1921 : 804 1999 : 1211